Voici le reportage que j’ai écrit pour la presse lors de mon voyage en Mongolie
Les Fils de l’Aigle
Au coeur de l’immensité des sommets arides et sauvages de l’Altaï, un renard dévale la pente ocre de la montagne Mongole. D’un regard affolé, il regarde par moments vers le ciel, guettant dans sa fuite l’ombre qui le poursuit. Dans l’azur saturé pas un nuage, juste une tache brune qui soudain fond à la vitesse de l’éclair sur sa proie. La boule de plumes percute le renard qui roule dans la poussière pourpre. Quelques coups de crocs pour se défendre mais l’animal rend bientôt son dernier souffle dans une étreinte fatale. L’Aigle Royal crie sa victoire au coeur des montagnes de l’Altaï, un nouveau trophée à son tableau de chasse. Mais ce Burkit redoutable ne tue pas pour son compte, mais pour celui de son maître Soldate. Le jeune homme fonce déjà au galop sur son petit cheval avant que l’oiseau ne déchiquette férocement sa proie. A peine a-t-il sauté de sa monture que le cavalier tend une patte de lapin crue à l’animal et à genoux au milieu des battements d’ailes, il défait dans des gestes rapides et précis un à un les serres de son aigle pour qu’il n’abîme la précieuse fourrure.
Cela fait deux ans que je me prépare à vivre cette scène en compagnie d’un véritable chasseur nomade. Deux années à me documenter sur la fauconnerie kazakhe au coeur des plus hautes montagnes de Mongolie. L’Altaï, rien que l’évocation de ce nom me procure toujours des frissons comme une promesse d’aventures lointaines dans des horizons sans fin. Certains évoquent une nostalgie des steppes mongoles comme si nous avions hérité dans nos veines des gènes de ces cavaliers déferlant en hordes sur l’Europe au son terrible de leurs sabots. Moi, c’est plutôt le goût des minorités et des cultures anciennes, de la faune et de la nature sauvage qui m’a entraîné sur ces contreforts de la Mongolie à la rencontre de ce peuple fier et de ses traditions ancestrales. Au milieu de ce mois de septembre, je débarque donc enfin de mon petit avion Aero Mongolia sur la piste de l’aérodrome d’Ölgii. Avant de poser mon sac sur son tarmac, j’ai quitté 3 heures plus tôt Oulan-Bator, la grande capitale avec ses buildings modernes pour m’envoler à plus de 1600 kilomètres vers ces contrées farouches de l’extrême ouest du pays. Au coeur des montagnes de l’Altaï. Après des heures à survoler un immense désert rouge et brun vide de vie, morcelé par moments par des monts rocailleux et d’immenses étendues bleues des lacs salés, je découvre enfin les premiers sommets enneigés de l’Altaï et la région du Bayan- Ölgii,
l’Aimag la plus à l’Ouest du pays. Elle est séparée du reste de la Mongolie par la rivière Khovd et est à la frontière de trois pays au coeur d’une puissante chaîne de montagne qui culmine à plus de 4600 mètres, formidable rempart face à la Chine, la Russie et le Kazakhstan. Aucune agriculture n’est vraiment possible ici, faute de pluie et de nombreux éleveurs nomades y vivent grâce à leurs immenses troupeaux de moutons et de chèvres dont ils tirent la précieuse laine de cachemire. Il resterait actuellement environ plus de 35000 kazakhs qui peuple à 95% cette province déshéritée, une région oubliée de la capitale et des dirigeants de la Mongolie. Capitale de l’Aimag, la ville d’Ölgii est essentiellement peuplée de kazakhs et comme je vais très vite le découvrir, toujours très influencée par les cultures d’Asie centrale. En effet, on se croirait en la parcourant dans un monde très différent de la Mongolie des Khalkhas qui représentent 80% de la population du pays, avec ici des inscriptions écrites dans les rues en kazakh. Aujourd’hui, cette minorité musulmane a conservé sa langue, ses moeurs, sa mosquée et une partie de ses traditions dont la chasse à l’Aigle royal de l’Altaï. Tout ici rappelle la présence de cet animal de légende : statues, musée, affiches publicitaires, fêtes scolaires, noms de restaurants ou d’hôtels.
Passé la douane du petit aéroport d’Ölgii, j’ai rencontré mes trois compagnons de route, Aimèrbec, Arshagul et Sashka. Ces guides précieux vont me faire découvrir les aigles, la vie des nomades et leurs yourtes colorées qu’on nomme nomment ici Ger, grands dômes blancs posés dans des paysages grandioses façon cinémascope. Un voyage au coeur des secrets de la fauconnerie de ces chasseurs kazakhs dont je serai le témoin privilégié de leur formidable savoir faire lors du fameux Festival des Aigles de Sagsaï qui réunit les meilleurs aigliers de la région pendant 2 jours de joutes, de courses et de cavalcades infernales dans le creux d’une immense vallée perdue. Pour mes guides, ces nomades qui chassent encore en compagnie des aigles sont un peu les héros de leur minorité kazakhe et représentent toujours un symbole de fierté en perpétuant leur histoire millénaire. Installés depuis la fin du XVIIe siècle dans l’Altaï, les Kazakhs de Mongolie ont pris à l’époque le contrôle de cette vaste région après que les Mongols qui y vivaient furent exterminés par un empereur Mandchou. Ils sont devenus des maîtres dans l’art de dresser le plus grand des aigles de l’hémisphère nord, le Burkit, l’aigle royal de l’Altaï. Dresser ce prédateur sauvage à vivre en compagnie des hommes n’est pas une tâche facile, mais ces redoutables chasseurs ont appris au fil des siècles à connaître le caractère et les moeurs de ce magnifique oiseau. Après une journée bien remplie à arpenter les monuments et les lieux de vie les plus intéressants d’Ölgii, je pars avec mon équipe hors de la ville flâner dans des paysages somptueux de collines et de steppes rases et vertes. Arrivée à une rivière, je rencontre mes premiers cavaliers mongols qui y rafraîchissent leurs montures sous le soleil de fin de journée. La lumière étire les ombres, fait briller l’eau et donne une dominante dorée au tableau. Les chevaux à la robe noire ou brune sont très robustes et plus haut que je ne pensais. Mes 3 centaures, eux, ont le regard farouche de nomades qui auraient vécu trop longtemps au grand air, mais bientôt les sourires fusent et j’en profite pour leur parler grâce à ma guide Arshagul qui traduit pour moi. « Oui, des aigles, ils en ont possédé dans le passé, de grands Burkit de plus de 2 mètres d’envergure. Mais aujourd’hui à Ölgii, plus personne n’a de rapace chez lui.». L’un d’eux ajoute : « Si tu vas plus loin dans les montagnes vers Sagsaï, là tu pourras en voir chez les nomades. Certains y chassent même le loup gris avec leurs aigles les plus forts, les fameux Kana ». Après les avoirs quittés, je ne rêve plus que d’une chose, avoir mon premier tête-à-tête avec un de ces fabuleux oiseaux de proie.
Les Maîtres des Aigles, Les Kazakhs de Mongolie capturent plutôt les aigles femelles pour leur agressivité et leur envergure qui peut atteindre 2,20 m pour un poids de 10 kg. Le chasseur doit ainsi savoir garder le bras ferme sous le poids d’un tel animal. Il arrive qu’on capture des aigles sauvages adultes à l’aide d’un filet mais en général c’est plutôt un jeune de
2 mois qui est enlevé du nid avant son premier vol quand il ne sait pas encore marcher. Puis l’aiglon est nourri avec de la viande crue tous les jours, les repas s’espaçant au fur et à mesure du dressage. Le jeune rapace apprend à rester en équilibre sur le bras de son maître et à réagir à ses appels. L’entraînement se poursuit avec une peau de marmotte ou de renard que l’on traîne derrière un cheval pour simuler la proie en mouvement, une dépouille à travers laquelle on récompense le rapace à chaque succès avec de la viande. L’aigle doit dépendre de son maître pour manger. S’il apprend à se nourrir tout seul, il redeviendra sauvage et fuira les hommes.
Ma première rencontre avec un Aigle
Nous partons d’Ölgii tôt le matin à l’assaut de la piste grise et caillouteuse qui mène au village de Sagsaï. La vieille voiture Hunday Accent de Sashka se faufile comme elle peut pendant environ 60 kilomètres dans un décor extraordinaire de montagne sculptée à la hache. Aujourd’hui, nous allons rencontrer Januzakh qui sera notre émissaire chez les nomades. C’est un petit homme sec et avec sa casquette, son manteau en peau de mouton, son visage émacié et ses yeux verts on pourrait croire que c’est un Turc d’Anatolie plutôt qu’un Mongol Kazakh. Januzakh vit avec sa famille au village dans une des maisons faites de briques de terre où il élève quelques chèvres et yaks pour produire du fromage et du lait. Il fait aussi à l’occasion maison d’hôte et guide pour les voyageurs comme moi en quête de pays lointains et d’aventures. Au volant de sa moto chinoise, Januzakh nous amène chez Soldate et Roza qui vivent avec leurs enfants, les parents et le frère du jeune homme dans deux yourtes séparées.
Une route difficile où les talents de chauffeur de Sashka font merveilles quand il faut passer les méandres d’une rivière à sec et un terrain fait de tourbe et de pierre. On est loin ici de l’image classique des steppes au grandes herbes vertes qui symbolisent la Mongolie. Depuis mon arrivée dans ce pays, je n’ai vu que de la pierre, du désert et une terre rouge et aride qui en fait a beaucoup de caractère.
Dès que nous nous garons près de la grande tente d’Apa, la grand-mère, un énorme chien typique des camps mongols nous aboie dessus. J’ai beau lancer un kit cinglant, mais le molosse ne réagit pas vraiment à mon cri comme je l’espérais. Soldate est plus convaincant et fait battre en retraite son chien. Nous entrons enfin dans la yourte où une grande partie de la famille est réunie. Je fais bien attention de ne pas oublier de rentrer d’abord avec le pied droit sans marcher sur la barre de seuil en bois ce qui serait un affront. La Ger kazakhe, plus grande que celle des nomades mongols, est joliment décorée de tapis traditionnels accrochés au-dessus des lits, mais je suis surpris par les nombreuses peaux de bêtes qui pendent le long des cloisons de la yourte. Fourrures de loups gris, renards, marmottes et gloutons forment un étrange bestiaire auquel s’ajoute de nombreuses plumes d’oiseaux. C’est Samat, le frère de Soldate qui les a tués, car c’est un chasseur professionnel réputé. Dès que j’avance, je remarque sur la gauche de l’entrée un aigle posé sur son perchoir, la tête cachée par un Tomaga, ce fameux capuchon si utile aux fauconniers. L’animal est imposant et doit bien peser 5 à 7 kilos. Soldate me dit qu’il a 6 ans et que c’est un Kana qu’il a dressé lui-même. Pour chaque année de sa vie, l’aigle a ainsi un nom comme Balapan pour 1 an, Tirnik pour 2 ans ou encore Koumtuleik quand il a 4 ans. Soldate a commencé à dresser des aigles lorsqu’il avait à peine 15 ans. C’est l’âge en général où les jeunes hommes qui s’y intéressent apprennent les bases du dressage, mais parfois on débute plus tôt à 13 ou 14 ans. Kana est le troisième aigle que possède Soldate, le premier est mort, il y a longtemps et le second, il en a fait cadeau à un proche parent de sa famille. Depuis 7 ans, il a appris beaucoup sur l’art et la manière de dresser un aigle. Il trappe le plus souvent seul dans la montagne avec son compagnon mais quelquefois aussi en groupe
quand les grandes chasses d’hiver commencent à la période où les gibiers sont plus gros et ont revêtu leur pelage de saison, l’occasion de grandes chevauchées comme le faisaient ses ancêtres. Dehors, Soldate commence la séance de dressage, un exercice qu’il fait chaque soir vers 17 heures avant de nourrir son aigle. Le rapace avec ses bagues cerclées d’argent et ses Tugr, ses longues lanières de cuir nouées autour de ses pattes pour le retenir, se tient sur le toit de la yourte. Le Tomaga a été ôté de sa tête. Son jeune maître l’appelle par des petits cris « Kaa, Kaa » tenant dans son Bialai, son grand gant de cuir
rembourré, une cuisse de lapin crue.
Kana se lance enfin vers son maître dans un vol lourd et ample avant de s’accrocher à sa proie. Puis l’exercice se répète une quinzaine de minutes. En hiver Soldate, comme tous les autres chasseurs, tient affamer son aigle pour la chasse. Sa vision, 8 fois supérieure à celle de l’homme, lui permet de repérer ses proies de très haut. Lorsque le rapace s’élance à plus de 160 km/heure en piquer dans les montagnes à la poursuite de sa proie, il faut être un cavalier rapide et expérimentée pour le retrouver avant que l’aigle n’abîme la fourrure de sa victime ou que cette dernière ne le blesse pas en se défendant.
Même si l’aigle vit au sein de la famille, tous les Burkit Cheu, les fameux dresseurs d’aigle que j’ai rencontrés sous les yourtes de Mongolie, que ce soit le vieux Snapbilgin le père de Soldalte, le fier Mohamed By ou Berkolat, le multiple champion de dressage, tous m’ont expliqué que cet oiseau de proie n’est pas un animal de compagnie comme un chat ou un chien. Les enfants et les femmes n’ont ainsi pas la permission de jouer avec lui. Seul son maître a le droit de le toucher, de le nourrir, de faire sa toilette et même de le câliner. Jusqu’au jour où son aigle meurt, en général vers l’âge de 35 ans.
Les Ailes de la Gloire
Nous quittons la maison de Januzakh vers 8h00 du matin pour nous rendre au Grand Festival des Aigles de Sagsaï. Après 20 minutes de piste poussiéreuse, nous découvrons les 2 yourtes qui ont été montées pour l’occasion dans cette large vallée au pied d’une haute colline rouge et rocailleuse d’où s’envoleront les aigles lors des épreuves. Au loin, un groupe de cavaliers apparaît en ligne à l’horizon. Dans leurs longs manteaux noirs brodés de motifs traditionnels kazakhs, ils ont très fière allure, leurs aigles dans leurs belles parures posés sur leur bras. Ce sont 4 puis 10 autres cavaliers qui s’approchent maintenant du site alors que les habitants alentour arrivent petit à petit de toute la contrée. C’est un grand jour de fête pour tous dans la vallée, un moment de joie pour les familles des villages qui retrouvent des parents venus
spécialement d’Ölgii, surtout pour les pasteurs nomades pour qui c’est l’occasion de renouer des amitiés et prendre des nouvelles des leurs qu’ils n’ont pas vus depuis des mois. Certains chasseurs viennent de loin et ont quitté à cheval leur campement de yourtes situé à plus de 200 kilomètres pour concourir au festival. Les primes sont des cadeaux, des médailles, des diplômes et surtout la reconnaissance de tous ses pairs. Chevaux, chameaux et bien sûr aigles ajoutent à la fête un air de caravane sérail digne d’un tableau orientaliste. Tout cela dans un décor d’une beauté extraordinaire à couper
le souffle.
Festival des Aigles
Cela fait depuis l’an 2000 que chaque année on célèbre de nouveau à l’automne l’aigle de l’Altaï dans la province du Bayan-Ölgii. Si dans les temps anciens, les Kazakhs pratiquaient son culte car il les aidait à survivre durant les hivers difficiles, aujourd’hui l’Association de Protection de l’Aigle Royal a fait de cette chasse un sport national. Elle compte parmi ses membres en Mongolie 400 aigliers et les deux grands Festivals des Aigles de l’Altaï sont devenus l'équivalent du célèbre Festival du Naadam pour les lutteurs mongols. Ces manifestations qui se déroulent sur 2 jours sont organisées premièrement à la mi-septembre à Sagsaï dans les montagnes puis chaque premier week-end d’octobre près d’Ölgii, à proximité de la capitale régionale.
Les membres du jury sont déjà installés avec table et chaises dans la steppe quand j’aperçois toute la cavalerie d’une vingtaine de chasseurs qui se rassemblent pour défiler. Des Kazakhs aux regards fiers qui passent au galop les visages marqués par le soleil sous leurs toques de soie rouge, verte ou rose doublées en peau de renard. Ils portent avec autorité leurs grands oiseaux de proie accrochés à leur bras ganté. Les selles et les harnais brillent avec leurs ornements en argent. Les épreuves de chasse sont spectaculaires. L’aigle et le talent de son dresseur sont jugés sur la rapidité de
l’animal à s’envoler de la falaise, à repérer la peau du renard traînée dans la plaine mais aussi sur la manière dont il plonge pour foncer se poser sur sa proie ou sur le bras de son maître. Le festival est aussi l’occasion d’admirer les costumes kazakhs, l’art équestre, la musique traditionnelle et d’autres performances comme le Bushkashi où deux cavaliers se disputent la dépouille d’un bélier. Les courses de chameaux de Bactriane enchaînent avec les épreuves de tir à l’arc ou encore le Kyz kuar, cette chevauchée drôle et folle où les jeunes femmes cravachent leurs maris en faisant au
galop le voeu d’avoir un nouveau-né dans l’année. Cette fête est très populaire ici et les familles qui ont quitté leur yourte et leur maison pour l’évènement avec leurs enfants sont fières de vivre pleinement leur culture et leurs traditions kazakhes. Un moment privilégié pour toute la communauté où l’on rie et se captive fiévreusement pendant deux journées riches en émotions, où l’on commente chacune des épreuves et l’on admire son champion quand on ne se raconte pas les souvenirs de chasses à l’aigle mémorables, des histoires qui depuis des générations font battre le coeur des hommes le soir près du feu.
Les Aigles de l’Altaï
Au fil de mes rencontres avec ces nomades du bout du monde, de mes échanges avec mes hôtes sous la voûte de leur yourte, je comprends l’importance de cet animal de légende dans la culture kazakhe, un être magique, seul à pouvoir fixer le soleil, le Berkut, l’aigle royal de l’Altaï. Cela fait 1000 ans aujourd’hui que les Kazakhs ont hérité de leurs ancêtres du Turkestan cet art si particulier de la chasse qui leur a valu la réputation d’être les plus grands aigliers d’Asie. Placé au coeur des traditions et des légendes de ces pasteurs nomades, l’aigle est devenu un animal mythique pour tout un peuple. Des hommes qui admirent toujours sa force et son courage, mais aussi cette énergie pleine de vie que l’animal leur transmet. Quand on lit les récits de Marco Polo ou d’autres explorateurs, l’aigle royal a toujours été décrit au cours des siècles comme
capable de chasser aussi bien les bouquetins, les mouflons, les antilopes et toutes sortes d’oiseaux. Mais aujourd’hui, même si ils sont de moins en moins nombreux, les chasseurs kazakhs de Mongolie continuent de traquer avec leurs aigles, le lièvre, le renard, le chat sauvage et même parfois des animaux cinq fois plus gros qu’eux comme le loup et le lynx s’ils attaquent leurs troupeaux. L’aigle a toujours sa place sous la yourte au sein des familles nomades kazakhs même
si aujourd’hui leur peuple subit comme partout ailleurs en Mongolie, les problèmes de désertification, d’hiver de plus en plus rigoureux et d’exode rural vers les villes. Mais, à voir les jeunes cavaliers qui se lancent au galop aigles au bras lors des festivals, on se dit que le pacte qui lie l’homme à l’animal continue de perdurer dans une soif liberté, de grands espaces et de communion avec la vie sauvage qui ne cessera sans doute jamais de couler dans le sang de ces chasseurs kazakhs. Un art de vivre qu’une nouvelle génération malgré la modernité veut faire perdurer comme l’ont fait avant
eux leurs pères, leurs grands pères et tous leurs ancêtres.